Sep 14, 2011
Sans précédents
Sans précédents. Telle est la caractéristique de l’époque que nous sommes en train de vivre pleins d’étonnement, d’angoisse, d’effroi, d’espoir. Bien sûr, l’histoire a déjà connu dans le passé des guerres, des insurrections ou des économies en déclin. Mais, après coup et avec la distance de sécurité requise, il nous a toujours semblé facile d’identifier les parties en présence, leurs raisons et l’influence des différentes actions des protagonistes sur l’enchaînement des événements. Les deux derniers siècles nous ont fourni une connaissance à atteindre, ils ont ciselé nos certitudes et nos doutes, ils ont mis en page le guide que nous utilisons pour agir au quotidien. Mais le troisième millénaire s’est immédiatement ouvert à l’enseigne de l’imprévu.
Le matin du 11 septembre 2001, au réveil, qui aurait dit que quelques heures après, le monde n’aurait plus été le même ? Les dix années parcourues depuis lors n’ont fait que détruire les uns après les autres nos points de repère les mieux ancrés. Pour en arriver à aujourd’hui, avec un pays européen depuis longtemps en équilibre précaire entre réaction et révolution (Grèce), un autre célèbre pour son flegme mis à feu (Angleterre), d’autres encore à deux pas du krach économique (Italie, Espagne, Portugal, Irlande) ; des régimes lointains qui paraissaient éternels et se retrouvent en miettes en quelques semaines (Tunisie, Egypte, Libye), d’autres contraints pour survivre de mener une répression impitoyable contre leur population (Syrie) ; et la super puissance mondiale elle-même, les Etats-Unis maîtres de la planète, qui se retrouvent à faire leur compte avec une balance économique en faillite. Pour ne pas parler des innombrables guerres qui auraient dû durer peu de temps et se prolongent (Irak et Afghanistan), des conflits qui paraissaient apaisés et qui se sont ravivés (Israël-Palestine), des migrations de masse qui bouleversent (dans un sens ou dans l’autre) le mode de vie de millions de personnes, des catastrophes bien peu naturelles qui impliquent des mutations non seulement de l’environnement, mais aussi sociales et politiques. Jusqu’à en arriver à la vie quotidienne, celle que nous traînons jour après jour, toujours plus aux prises avec l’absence de travail aliénant, mais nécessaire pour se procurer de l’argent qui ne suffit jamais pour acquérir des marchandises qui ne valent rien… chaque chose contribue à diffuser la conscience que ce présent n’a pas de futur.
Le monde que nous connaissons, le seul dont nous ayons eu une expérience directe, se désagrège sous nos yeux. Peu importe ici d’établir si sa débâcle est le résultat d’une mauvaise administration du pouvoir ou aussi des luttes des mouvements sociaux, qu’il s’agisse d’une vieille prévision qui se réalise ou d’une nouveauté surprenante. D’une certaine manière, il importe également peu de savoir si cela est réel et matériel, ou s’il s’agit de l’énième illusion virtuelle. Ce qui est certain est ce qui est perçu, senti. En tout cas, pour ceux qui ont l’intention de mettre ce monde sens dessus dessous, cela ne peut qu’être une bonne nouvelle. Plus besoin de tenter d’ouvrir des brèches dans le mur de consensus qui régit l’ordre social : ce mur s’effrite déjà. Rien n’est plus comme avant. Pourtant, la situation qui se développe et qui devrait en théorie ne susciter qu’enthousiasme de notre côté, provoque en pratique surtout du désarroi. Etant nés et ayant grandi au siècle dernier, dans le précédent millénaire, comment faire pour être contemporains et actuels ? Le langage, les grilles d’interprétation auxquelles nous sommes habitués, semblent ne plus servir à grand chose et se révèlent petit à petit inutilisables. Nous courrons le risque d’apparaître comme des reliques historiques, des antiquités poussiéreuses bonnes pour les musées.
Voilà pourquoi une confrontation large est plus que jamais nécessaire et urgente. Devant nous sont en train de s’ouvrir des occasions inimaginables. Pour réussir à les cueillir, nous ne devrons plus apprendre de leçons par cœur, mais pas non plus nous fier au pur hasard, et encore moins suivre quelque mode idéologique éphémère. Se rencontrer, discuter, échanger ses idées, en vue de… (oui, en vue de quoi déjà ?), devient toujours plus indispensable.
Un monde nouveau
A présent nous vient en tête une célèbre phrase de Buenaventura Durruti. N’ayons pas peur des ruines parce qu’un monde nouveau est déjà en train de naître dans nos cœurs. Voilà, partons de là. Si, sur le vieux continent l’effondrement de ce monde tend à provoquer des réactions aux accents nihilistes ou citoyennistes, c’est parce qu’il n’y a plus aucun monde nouveau dans le cœur des êtres humains qui l’habitent. En Afrique du nord, les révoltés se battent aussi avec courage et détermination parce qu’ils ont encore un espoir qui les anime. Nous savons que le mythe de la démocratie est un mensonge et nous (nous) répétons que dans leur bouche ce n’est qu’un prétexte pour se déchaîner. Mais, qu’il s’agisse d’un prétexte ou d’une raison, il est inutile de se cacher qu’ils ont eu besoin de ce mythe, qu’ils ont besoin d’un rêve qui les incite à détruire ce qui en empêche la réalisation. Toutes les révolutions ont eu besoin d’un rêve suffisamment puissant et enivrant pour exciter les êtres humains et les pousser à l’action. Ce rêve a toujours été différent des misérables concessions de l’existant. La démocratie directe invoquée par les Enragés était inimaginable avant 1789, comme l’était la Commune avant 1871, ou le Soviet avant 1917, ou la Collectivité avant 1936.
Mais aujourd’hui, ici en occident, quel est le rêve ? L’unique utopie qui reste non contaminée (dans un certain sens c’est terrible à dire, mais c’est aussi grâce à la défaite de la révolution espagnole) est celle de l’anarchie, celle d’un monde débarrassé de tout rapport de pouvoir. Malgré cela, parmi les anarchistes mêmes, on remarque une certaine réticence à la défendre, l’embarras de ceux qui ne voudraient pas apparaître comme peu pratiques et trop irréalistes. Et puis, à qui s’adresser ? Sous l’irrésistible poussée du développement technologique, les dernières décennies ont vu l’érosion de tout sens, l’altération des mots, la généralisation de l’aphasie. La Babylone du libre marché est également la Babel de l’incommunicabilité.
Cela a provoqué la disparition non pas de la dite question sociale, mais plutôt de sa conscience. Les luttes sociales actuelles ne sont pas menées par des exploités qui veulent en finir avec l’exploitation (et qui malheureusement se fient encore à des politiciens prêts à les trahir), mais par des citoyens intégrés qui réclament seulement une démocratie plus authentique. En même temps, les révoltes qui explosent à l’improviste à chaque coin de la planète n’ont généralement pas de contenu, ne formulent pas de revendications, n’indiquent pas de perspectives, ce ne sont que des explosions de fureur. Cette tendance, bien visible en Europe, a poussé la majeure partie du mouvement anarchiste à se diviser, à emprunter deux routes apparemment opposées, mais en réalité spéculaires [en miroir].
Une fois tout espoir mis en sommeil dans leur cœur, s’est affirmé aux yeux des nombreux compagnons qui ne comptent pas se résigner une alternative sèche, brutale, inévitable. Soit renoncer à toute tentative d’impliquer des masses qui se montrent toujours plus aliénées, et transformer la guerre sociale en une guerre privée entre les anarchistes et l’Etat (luttarmatisme). Soit suivre cette participation jusqu’à s’adapter aux « dynamiques » des masses en en reprenant les revendications, en transformant la guerre sociale en une contestation de la société civile contre l’Etat (citoyennisme). On en observe pas moins combien le point de départ de ces parcours est le même : le constat que la réalité qui nous entoure ne permet plus une intervention révolutionnaire identique à celle qui était pratiquée ou souhaitée au cours du siècle dernier.
Soyons clairs, ces deux hypothèses fournissent des réponses à des exigences réelles, concrètes, qu’il ne s’agit pas de remettre en question. Mais il n’en reste pas moins que la tentative d’agir sur la réalité qui nous entoure s’est séparée dans ses formes, si bien que les différents modes de lutte ne sont plus complémentaires, mais se sont polarisés en deux alternatives toutes deux politiques : d’un côté la participation volontairement acritique aux « luttes populaires », de l’autre, la constitution d’une organisation spécifique qui revendique différentes attaques contre le pouvoir. A présent, c’est justement l’irruption de la politique et de ses calculs dans un mouvement qui lui était hostile, qui est une des causes principales de la « dépression » actuelle qui touche de nombreux compagnons. Et plus la politique se révèle « gagnante », grâce à un usage sans scrupule des différents expédients autopromotionnels, moins on réussit à s’en passer.
Quels chemins ?
L’anarcho-citoyennisme a réussi dans certains contextes de masse à faire aimer les compagnons de tout le monde, à leur faire obtenir de la visibilité et du consensus, mais… à quelles conditions ? Au prix de renoncer à être anarchistes, d’apprendre à travestir ou taire sa propre pensée, à supporter l’insupportable. Il s’agit d’une « victoire » qui ne parvient pas à cacher l’opportunisme sordide qui l’a rendue possible, et qui a accompli une œuvre qui était autrefois impensable : faire détester par beaucoup de compagnons l’hypothèse même d’intervenir dans une lutte sociale, une intervention qui est désormais considérée comme un synonyme de compromis. Mais comment s’étonner, après avoir vu des anarchistes organiser des conférences avec des réformistes et présenter des pétitions aux autorités ? Comment s’émerveiller, après les avoir entendus souhaiter une plus grande circulation de marchandises et reprocher aux partis soi-disant pacifistes de ne pas faire leur devoir institutionnel ? Comment se lamenter, après les avoir vus bras dessus bras dessous avec des staliniens et des prêtres ? Mais en plus, cette interprétation éminemment politique de la lutte sociale nous est dealée comme une vérité acquise suite à une expérience historique indiscutable. « Partage ou Etat » [« Condivisione o Stato », slogan du Val Susa Ndt] est le diktat pathétique que tentent aujourd’hui d’imposer ceux qui sont à cours d’arguments pour ne pas affronter les problèmes.
Pourtant, devant l’extension de la rage, l’explosion de protestations toujours plus importantes, le déploiement de nouvelles perspectives, il serait absurde de se priver de la possibilité d’intervenir dans des contextes plus larges uniquement parce qu’on est assommés par le marketing tapageur de certains petits leaders du mouvement. Pour cela, plutôt que d’être horrifiés face à l’inévitable côté parcellaire des luttes sociales, nous devrions tenter de nous battre y compris en leur sein, tout en sachant et clarifiant que la nature sociale d’une lutte est donnée par sa dimension qualitative, et certainement pas quantitative. Les rares compagnons qui sabotent les chantiers du TAV par exemple, sont en train de mener à leur manière une lutte sociale, parce que la Grande Vitesse est un problème qui concerne chacun, indistinctement. Pour faire un autre exemple, les nombreux compagnons qui manifestent pour l’abolition de la perpétuité, mènent une lutte pour le compte d’autres, une lutte politique, parce que l’incarcération à vie est un problème qui ne concerne que très peu de gens et qui ne peut trouver de solution abolitionniste qu’au niveau législatif.
C’est pourquoi nous ne voulons pas complètement demeurer au large des luttes sociales. Mais nous entendons rester au large des politiciens qui les infestent, anarchistes compris.
L’anarcho-luttarmatisme de son côté, y compris là où il est parvenu plus souvent et avec de meilleurs résultats à frapper directement l’ennemi (comme en Grèce ou en Amérique latine), tend pourtant à réduire la subversion sociale à un fait purement militaire, à un affrontement entre nous et eux. Il suffit d’observer combien d’actions sont explicitement réalisées en réponse à des opérations répressives. Plutôt que de continuer et d’élargir la lutte contre la domination sous tous ses aspects, développer la solidarité d’une telle manière revient à la réduire à une défense de son pré carré : les anarchistes attaquent l’Etat qui incarcère des compagnons, l’Etat réagit à son tour en incarcérant d’autres anarchistes, lesquels réagissent en attaquant l’Etat, lequel réagit à son tout en arrêtant d’autres anarchistes, lesquels à leur tour… Se crée ainsi un véritable cercle vicieux qui devient encore moins alléchant lorsqu’il est farci de cette triste rhétorique qui exalte le martyre et le sacrifice. Il ne s’agit plus d’une lutte qui vise à subvertir un existant intolérable pour la très grande majorité des gens, c’est un duel entre quelques individus rebelles et l’Etat. Le fait que cet affrontement finisse parfois à la une des journaux ne le rend pas plus intéressant pour autant, il est de toute manière perçu comme une question privée et ne peut ainsi qu’attirer un public de spectateurs. Et cela pour une autre raison, et c’est là le pire, parce que le luttarmatisme fait que l’attaque contre les structures et les responsables de la domination devient la caractéristique d’organisations spécifiques plutôt que d’un mouvement tout entier. De fait, il ne s’agit pas d’une nécessité naturelle. C’est un choix arbitraire. Comme le démontre une grande partie de l’histoire du mouvement anarchiste, la « propagande par le fait » peut très bien être mise en œuvre par le mouvement dans son ensemble. Cela arrive lorsque l’action reste anonyme, sans personne qui n’en revendique la paternité. Lorsqu’une action n’appartient pas à quelqu’un en particulier, alors elle peut appartenir à tous en général. Mais si on se donne la peine de la revendiquer, d’apposer dessus sa propre marque, c’est parce qu’on veut souligner devant le monde entier que cette action appartient à quelqu’un.
Malgré les apparences, citoyennisme et luttarmatisme se ressemblent et s’alimentent mutuellement. L’ouverture au compromis du premier stimule la fermeture identitaire du second, et réciproquement. Le citoyenniste qui jure de sa radicalité pendant qu’il serre la main aux politiciens ne se différencie pas beaucoup du luttarmatiste qui jure de son informalité pendant qu’il construit une organisation dotée de sigles et de programmes. Le premier cherche le consensus des masses, et pour cela ne méprise pas les micros de journalistes. Le second méprise les masses mais cherche les projecteurs des médias. Tout deux, à leur manière, poursuivent la visibilité.
Nous considérons immensément plus désirable un mouvement anonyme et informel – un mouvement anarchiste autonome, comme on disait à une époque, avant que cette définition ne soit écorchée par des juges et des journalistes – qui ne renonce pas à son altérité face au monde qui l’entoure. Mais qui ne renonce pas non plus à la possibilité de le subvertir, c’est-à-dire qui n’accepte pas que soit éteint dans son cœur ce monde nouveau qui ne fait pas craindre les ruines. L’utopie est le seul antidote contre le citoyennisme et contre le nihilisme. Nous vivons comme des hôtes, indésirés et indésirables, du vieux monde décrépi. Son agonie ne nous émeut pas, mieux, nous avons bien l’intention d’en accélérer la disparition.
Perspectives
Combien de fois faut-il voir ses rêves être brisés avant de cesser de rêver ? Combien de fois faut-il que sa confiance soit trahie avant de commencer à se méfier de tous ? Combien de fois faut-il voir ses idées être reniées avant de se contenter d’opinions de circonstance ? Combien de fois faut-il entendre sa pensée être banalisée avant de renoncer à toute communication ? Certains continuent à se le demander, espérant au fond de leur cœur ne jamais réussir à trouver une réponse. Nous non plus. Têtus ou simplement stupides, intempestifs ou simplement en retard, nous trouvons intolérable de sombrer dans la mélancolie au moment précis où s’ouvrent des possibilités nouvelles et fascinantes.
Mais – encore faut-il en prendre acte – ce n’est pas la propagande subversive, ce n’est pas la constitution d’une organisation révolutionnaire qui fait sortir les révoltés dans les rues. C’est la misère, matérielle et émotionnelle, de cette existence que nous traînons tous quotidiennement. Si cela était déjà vrai par le passé, ça l’est encore plus aujourd’hui, lorsqu’on n’entrevoit plus aucun soleil de l’avenir derrière la colline, mais plutôt la nuit du chaos primordial. Devant cette obscurité, les militants continueront à s’enfermer dans leur cloître par peur d’être confondus avec la canaille triviale, pendant que les intellectuels continueront à s’interroger sur la crise de la représentation. Mais il n’y a rien à condamner ou à exalter dans les révoltes modernes, celles qui font perdre les pédales à nos boussoles habituelles. Il y a tout à affronter.
Pendant des décennies, nous sommes restés quasi immobiles dans les eaux stagnantes de la pacification sociale, attendant un vent en mesure de nous permettre de bouger vers nos destinations respectives. Si nos espoirs et nos prévisions ont été déçus, ce n’est pourtant pas un simple courant d’air qui est maintenant en train de se lever. A l’horizon se profile un ciel noir qui ne promet que des bourrasques. Et maintenant, que voulons-nous faire ? Abaisser les voiles et jeter l’ancre, déterminés à rester immobiles parce que le risque de s’exposer à un naufrage est trop élevé, ou renforcer le plus possible notre embarcation et larguer les amarres ?
Que les émeutes qui éclatent à l’improviste soient limitées dans le temps et dans leur contenu n’est qu’un faux problème. Si elles le sont c’est aussi dû à l’absence de ce qui pourrait contribuer à les prolonger et à les sublimer. Et même s’il ne s’agissait que d’une montée de fièvres d’un corps social malade, il n’en reste pas moins qu’elles impliquent un abaissement des défenses immunitaires en mesure de faciliter l’irruption de l’infection fatale que nous espérons. Même s’il ne s’agissait que de la brève récréation concédée avant de rédiger le devoir en classe, il n’en demeure pas moins que c’est à nous de réussir à saboter l’engrenage de la sonnerie. Et si ceux qui y prennent part ne nourrissent en réalité aucunes aspirations révolutionnaires, plus poussés par la rancœur de leur exclusion sociale que du refus de toute intégration institutionnelle, cela a bien peu d’importance. Ce qui de toute façon rend ces soulèvements désirables, c’est la suspension de la normalité qu’ils réussissent à imposer, prémices indispensables pour toute tentative de transformation de la réalité. Il ne s’agit pas de partager les goûts de ceux qui s’affrontent avec les forces de l’ordre, ni de tenter de leur faire de la pédagogie avec les textes subversifs sacrés à la main pendant qu’ils partent à l’assaut de marchandises futiles. Il s’agit de se jeter dans le chaos ainsi créé – même si c’est suite à une raison banale, même si c’est de manière instrumentale – et de tenter de déboussoler, entraver, retarder, empêcher tout retour à l’ordre des besoins. Ce qui revient à arracher du temps précieux pour expérimenter, diffuser et consolider le désordre des désirs.
Voilà pourquoi, à la lumière des nouveaux foyers qui s’embrasent et avec le climat qu’on respire dans toute l’Europe, il devient pour nous toujours plus important de ne pas se retrouver pris au dépourvu. Sans planifier notre agir pour se blinder contre l’inconnu, ni rechercher de nouvelles complicités là où il ne peut pas y en avoir, finissant par devenir les assistantes sociales inconscientes de notre destin. Sans garanties, ni certitudes, sans craintes de ce qui est indéchiffrable. Mais, dans l’éventualité pas si lointaine qu’éclate un incendie à nos pieds, il vaut mieux déjà avoir une idée plus ou moins claire de là où aller et que faire, tout en approfondissant comment le faire et pourquoi.
« Il n’existe aucune organisation qui soit au-dessus de ma liberté individuelle…
et de toute façon je ne veux pas faire partie d’une révolution où l’on ne puisse pas danser »