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Sans précédents

Sans précédents. Telle est la caractéristique de l’époque que nous sommes en train de vivre pleins d’étonnement, d’angoisse, d’effroi, d’espoir. Bien sûr, l’histoire a déjà connu dans le passé des guerres, des insurrections ou des économies en déclin. Mais, après coup et avec la distance de sécurité requise, il nous a toujours semblé facile d’identifier les parties en présence, leurs raisons et l’influence des différentes actions des protagonistes sur l’enchaînement des événements. Les deux derniers siècles nous ont fourni une connaissance à atteindre, ils ont ciselé nos certitudes et nos doutes, ils ont mis en page le guide que nous utilisons pour agir au quotidien. Mais le troisième millénaire s’est immédiatement ouvert à l’enseigne de l’imprévu.

Le matin du 11 septembre 2001, au réveil, qui aurait dit que quelques heures après, le monde n’aurait plus été le même ? Les dix années parcourues depuis lors n’ont fait que détruire les uns après les autres nos points de repère les mieux ancrés. Pour en arriver à aujourd’hui, avec un pays européen depuis longtemps en équilibre précaire entre réaction et révolution (Grèce), un autre célèbre pour son flegme mis à feu (Angleterre), d’autres encore à deux pas du krach économique (Italie, Espagne, Portugal, Irlande) ; des régimes lointains qui paraissaient éternels et se retrouvent en miettes en quelques semaines (Tunisie, Egypte, Libye), d’autres contraints pour survivre de mener une répression impitoyable contre leur population (Syrie) ; et la super puissance mondiale elle-même, les Etats-Unis maîtres de la planète, qui se retrouvent à faire leur compte avec une balance économique en faillite. Pour ne pas parler des innombrables guerres qui auraient dû durer peu de temps et se prolongent (Irak et Afghanistan), des conflits qui paraissaient apaisés et qui se sont ravivés (Israël-Palestine), des migrations de masse qui bouleversent (dans un sens ou dans l’autre) le mode de vie de millions de personnes, des catastrophes bien peu naturelles qui impliquent des mutations non seulement de l’environnement, mais aussi sociales et politiques. Jusqu’à en arriver à la vie quotidienne, celle que nous traînons jour après jour, toujours plus aux prises avec l’absence de travail aliénant, mais nécessaire pour se procurer de l’argent qui ne suffit jamais pour acquérir des marchandises qui ne valent rien… chaque chose contribue à diffuser la conscience que ce présent n’a pas de futur.

Le monde que nous connaissons, le seul dont nous ayons eu une expérience directe, se désagrège sous nos yeux. Peu importe ici d’établir si sa débâcle est le résultat d’une mauvaise administration du pouvoir ou aussi des luttes des mouvements sociaux, qu’il s’agisse d’une vieille prévision qui se réalise ou d’une nouveauté surprenante. D’une certaine manière, il importe également peu de savoir si cela est réel et matériel, ou s’il s’agit de l’énième illusion virtuelle. Ce qui est certain est ce qui est perçu, senti. En tout cas, pour ceux qui ont l’intention de mettre ce monde sens dessus dessous, cela ne peut qu’être une bonne nouvelle. Plus besoin de tenter d’ouvrir des brèches dans le mur de consensus qui régit l’ordre social : ce mur s’effrite déjà. Rien n’est plus comme avant. Pourtant, la situation qui se développe et qui devrait en théorie ne susciter qu’enthousiasme de notre côté, provoque en pratique surtout du désarroi. Etant nés et ayant grandi au siècle dernier, dans le précédent millénaire, comment faire pour être contemporains et actuels ? Le langage, les grilles d’interprétation auxquelles nous sommes habitués, semblent ne plus servir à grand chose et se révèlent petit à petit inutilisables. Nous courrons le risque d’apparaître comme des reliques historiques, des antiquités poussiéreuses bonnes pour les musées.

Voilà pourquoi une confrontation large est plus que jamais nécessaire et urgente. Devant nous sont en train de s’ouvrir des occasions inimaginables. Pour réussir à les cueillir, nous ne devrons plus apprendre de leçons par cœur, mais pas non plus nous fier au pur hasard, et encore moins suivre quelque mode idéologique éphémère. Se rencontrer, discuter, échanger ses idées, en vue de… (oui, en vue de quoi déjà ?), devient toujours plus indispensable.

 

Un monde nouveau

A présent nous vient en tête une célèbre phrase de Buenaventura Durruti. N’ayons pas peur des ruines parce qu’un monde nouveau est déjà en train de naître dans nos cœurs. Voilà, partons de là. Si, sur le vieux continent l’effondrement de ce monde tend à provoquer des réactions aux accents nihilistes ou citoyennistes, c’est parce qu’il n’y a plus aucun monde nouveau dans le cœur des êtres humains qui l’habitent. En Afrique du nord, les révoltés se battent aussi avec courage et détermination parce qu’ils ont encore un espoir qui les anime. Nous savons que le mythe de la démocratie est un mensonge et nous (nous) répétons que dans leur bouche ce n’est qu’un prétexte pour se déchaîner. Mais, qu’il s’agisse d’un prétexte ou d’une raison, il est inutile de se cacher qu’ils ont eu besoin de ce mythe, qu’ils ont besoin d’un rêve qui les incite à détruire ce qui en empêche la réalisation. Toutes les révolutions ont eu besoin d’un rêve suffisamment puissant et enivrant pour exciter les êtres humains et les pousser à l’action. Ce rêve a toujours été différent des misérables concessions de l’existant. La démocratie directe invoquée par les Enragés était inimaginable avant 1789, comme l’était la Commune avant 1871, ou le Soviet avant 1917, ou la Collectivité avant 1936.

Mais aujourd’hui, ici en occident, quel est le rêve ? L’unique utopie qui reste non contaminée (dans un certain sens c’est terrible à dire, mais c’est aussi grâce à la défaite de la révolution espagnole) est celle de l’anarchie, celle d’un monde débarrassé de tout rapport de pouvoir. Malgré cela, parmi les anarchistes mêmes, on remarque une certaine réticence à la défendre, l’embarras de ceux qui ne voudraient pas apparaître comme peu pratiques et trop irréalistes. Et puis, à qui s’adresser ? Sous l’irrésistible poussée du développement technologique, les dernières décennies ont vu l’érosion de tout sens, l’altération des mots, la généralisation de l’aphasie. La Babylone du libre marché est également la Babel de l’incommunicabilité.

Cela a provoqué la disparition non pas de la dite question sociale, mais plutôt de sa conscience. Les luttes sociales actuelles ne sont pas menées par des exploités qui veulent en finir avec l’exploitation (et qui malheureusement se fient encore à des politiciens prêts à les trahir), mais par des citoyens intégrés qui réclament seulement une démocratie plus authentique. En même temps, les révoltes qui explosent à l’improviste à chaque coin de la planète n’ont généralement pas de contenu, ne formulent pas de revendications, n’indiquent pas de perspectives, ce ne sont que des explosions de fureur. Cette tendance, bien visible en Europe, a poussé la majeure partie du mouvement anarchiste à se diviser, à emprunter deux routes apparemment opposées, mais en réalité spéculaires [en miroir].

Une fois tout espoir mis en sommeil dans leur cœur, s’est affirmé aux yeux des nombreux compagnons qui ne comptent pas se résigner une alternative sèche, brutale, inévitable. Soit renoncer à toute tentative d’impliquer des masses qui se montrent toujours plus aliénées, et transformer la guerre sociale en une guerre privée entre les anarchistes et l’Etat (luttarmatisme). Soit suivre cette participation jusqu’à s’adapter aux « dynamiques » des masses en en reprenant les revendications, en transformant la guerre sociale en une contestation de la société civile contre l’Etat (citoyennisme). On en observe pas moins combien le point de départ de ces parcours est le même : le constat que la réalité qui nous entoure ne permet plus une intervention révolutionnaire identique à celle qui était pratiquée ou souhaitée au cours du siècle dernier.

Soyons clairs, ces deux hypothèses fournissent des réponses à des exigences réelles, concrètes, qu’il ne s’agit pas de remettre en question. Mais il n’en reste pas moins que la tentative d’agir sur la réalité qui nous entoure s’est séparée dans ses formes, si bien que les différents modes de lutte ne sont plus complémentaires, mais se sont polarisés en deux alternatives toutes deux politiques : d’un côté la participation volontairement acritique aux « luttes populaires », de l’autre, la constitution d’une organisation spécifique qui revendique différentes attaques contre le pouvoir. A présent, c’est justement l’irruption de la politique et de ses calculs dans un mouvement qui lui était hostile, qui est une des causes principales de la « dépression » actuelle qui touche de nombreux compagnons. Et plus la politique se révèle « gagnante », grâce à un usage sans scrupule des différents expédients autopromotionnels, moins on réussit à s’en passer.

 

Quels chemins ?

L’anarcho-citoyennisme a réussi dans certains contextes de masse à faire aimer les compagnons de tout le monde, à leur faire obtenir de la visibilité et du consensus, mais… à quelles conditions ? Au prix de renoncer à être anarchistes, d’apprendre à travestir ou taire sa propre pensée, à supporter l’insupportable. Il s’agit d’une « victoire » qui ne parvient pas à cacher l’opportunisme sordide qui l’a rendue possible, et qui a accompli une œuvre qui était autrefois impensable : faire détester par beaucoup de compagnons l’hypothèse même d’intervenir dans une lutte sociale, une intervention qui est désormais considérée comme un synonyme de compromis. Mais comment s’étonner, après avoir vu des anarchistes organiser des conférences avec des réformistes et présenter des pétitions aux autorités ? Comment s’émerveiller, après les avoir entendus souhaiter une plus grande circulation de marchandises et reprocher aux partis soi-disant pacifistes de ne pas faire leur devoir institutionnel ? Comment se lamenter, après les avoir vus bras dessus bras dessous avec des staliniens et des prêtres ? Mais en plus, cette interprétation éminemment politique de la lutte sociale nous est dealée comme une vérité acquise suite à une expérience historique indiscutable. « Partage ou Etat » [« Condivisione o Stato », slogan du Val Susa Ndt] est le diktat pathétique que tentent aujourd’hui d’imposer ceux qui sont à cours d’arguments pour ne pas affronter les problèmes.

Pourtant, devant l’extension de la rage, l’explosion de protestations toujours plus importantes, le déploiement de nouvelles perspectives, il serait absurde de se priver de la possibilité d’intervenir dans des contextes plus larges uniquement parce qu’on est assommés par le marketing tapageur de certains petits leaders du mouvement. Pour cela, plutôt que d’être horrifiés face à l’inévitable côté parcellaire des luttes sociales, nous devrions tenter de nous battre y compris en leur sein, tout en sachant et clarifiant que la nature sociale d’une lutte est donnée par sa dimension qualitative, et certainement pas quantitative. Les rares compagnons qui sabotent les chantiers du TAV par exemple, sont en train de mener à leur manière une lutte sociale, parce que la Grande Vitesse est un problème qui concerne chacun, indistinctement. Pour faire un autre exemple, les nombreux compagnons qui manifestent pour l’abolition de la perpétuité, mènent une lutte pour le compte d’autres, une lutte politique, parce que l’incarcération à vie est un problème qui ne concerne que très peu de gens et qui ne peut trouver de solution abolitionniste qu’au niveau législatif.

C’est pourquoi nous ne voulons pas complètement demeurer au large des luttes sociales. Mais nous entendons rester au large des politiciens qui les infestent, anarchistes compris.

L’anarcho-luttarmatisme de son côté, y compris là où il est parvenu plus souvent et avec de meilleurs résultats à frapper directement l’ennemi (comme en Grèce ou en Amérique latine), tend pourtant à réduire la subversion sociale à un fait purement militaire, à un affrontement entre nous et eux. Il suffit d’observer combien d’actions sont explicitement réalisées en réponse à des opérations répressives. Plutôt que de continuer et d’élargir la lutte contre la domination sous tous ses aspects, développer la solidarité d’une telle manière revient à la réduire à une défense de son pré carré : les anarchistes attaquent l’Etat qui incarcère des compagnons, l’Etat réagit à son tour en incarcérant d’autres anarchistes, lesquels réagissent en attaquant l’Etat, lequel réagit à son tout en arrêtant d’autres anarchistes, lesquels à leur tour… Se crée ainsi un véritable cercle vicieux qui devient encore moins alléchant lorsqu’il est farci de cette triste rhétorique qui exalte le martyre et le sacrifice. Il ne s’agit plus d’une lutte qui vise à subvertir un existant intolérable pour la très grande majorité des gens, c’est un duel entre quelques individus rebelles et l’Etat. Le fait que cet affrontement finisse parfois à la une des journaux ne le rend pas plus intéressant pour autant, il est de toute manière perçu comme une question privée et ne peut ainsi qu’attirer un public de spectateurs. Et cela pour une autre raison, et c’est là le pire, parce que le luttarmatisme fait que l’attaque contre les structures et les responsables de la domination devient la caractéristique d’organisations spécifiques plutôt que d’un mouvement tout entier. De fait, il ne s’agit pas d’une nécessité naturelle. C’est un choix arbitraire. Comme le démontre une grande partie de l’histoire du mouvement anarchiste, la « propagande par le fait » peut très bien être mise en œuvre par le mouvement dans son ensemble. Cela arrive lorsque l’action reste anonyme, sans personne qui n’en revendique la paternité. Lorsqu’une action n’appartient pas à quelqu’un en particulier, alors elle peut appartenir à tous en général. Mais si on se donne la peine de la revendiquer, d’apposer dessus sa propre marque, c’est parce qu’on veut souligner devant le monde entier que cette action appartient à quelqu’un.

Malgré les apparences, citoyennisme et luttarmatisme se ressemblent et s’alimentent mutuellement. L’ouverture au compromis du premier stimule la fermeture identitaire du second, et réciproquement. Le citoyenniste qui jure de sa radicalité pendant qu’il serre la main aux politiciens ne se différencie pas beaucoup du luttarmatiste qui jure de son informalité pendant qu’il construit une organisation dotée de sigles et de programmes. Le premier cherche le consensus des masses, et pour cela ne méprise pas les micros de journalistes. Le second méprise les masses mais cherche les projecteurs des médias. Tout deux, à leur manière, poursuivent la visibilité.

Nous considérons immensément plus désirable un mouvement anonyme et informel – un mouvement anarchiste autonome, comme on disait à une époque, avant que cette définition ne soit écorchée par des juges et des journalistes – qui ne renonce pas à son altérité face au monde qui l’entoure. Mais qui ne renonce pas non plus à la possibilité de le subvertir, c’est-à-dire qui n’accepte pas que soit éteint dans son cœur ce monde nouveau qui ne fait pas craindre les ruines. L’utopie est le seul antidote contre le citoyennisme et contre le nihilisme. Nous vivons comme des hôtes, indésirés et indésirables, du vieux monde décrépi. Son agonie ne nous émeut pas, mieux, nous avons bien l’intention d’en accélérer la disparition.

 

Perspectives

Combien de fois faut-il voir ses rêves être brisés avant de cesser de rêver ? Combien de fois faut-il que sa confiance soit trahie avant de commencer à se méfier de tous ? Combien de fois faut-il voir ses idées être reniées avant de se contenter d’opinions de circonstance ? Combien de fois faut-il entendre sa pensée être banalisée avant de renoncer à toute communication ? Certains continuent à se le demander, espérant au fond de leur cœur ne jamais réussir à trouver une réponse. Nous non plus. Têtus ou simplement stupides, intempestifs ou simplement en retard, nous trouvons intolérable de sombrer dans la mélancolie au moment précis où s’ouvrent des possibilités nouvelles et fascinantes.

Mais – encore faut-il en prendre acte – ce n’est pas la propagande subversive, ce n’est pas la constitution d’une organisation révolutionnaire qui fait sortir les révoltés dans les rues. C’est la misère, matérielle et émotionnelle, de cette existence que nous traînons tous quotidiennement. Si cela était déjà vrai par le passé, ça l’est encore plus aujourd’hui, lorsqu’on n’entrevoit plus aucun soleil de l’avenir derrière la colline, mais plutôt la nuit du chaos primordial. Devant cette obscurité, les militants continueront à s’enfermer dans leur cloître par peur d’être confondus avec la canaille triviale, pendant que les intellectuels continueront à s’interroger sur la crise de la représentation. Mais il n’y a rien à condamner ou à exalter dans les révoltes modernes, celles qui font perdre les pédales à nos boussoles habituelles. Il y a tout à affronter.

Pendant des décennies, nous sommes restés quasi immobiles dans les eaux stagnantes de la pacification sociale, attendant un vent en mesure de nous permettre de bouger vers nos destinations respectives. Si nos espoirs et nos prévisions ont été déçus, ce n’est pourtant pas un simple courant d’air qui est maintenant en train de se lever. A l’horizon se profile un ciel noir qui ne promet que des bourrasques. Et maintenant, que voulons-nous faire ? Abaisser les voiles et jeter l’ancre, déterminés à rester immobiles parce que le risque de s’exposer à un naufrage est trop élevé, ou renforcer le plus possible notre embarcation et larguer les amarres ?

Que les émeutes qui éclatent à l’improviste soient limitées dans le temps et dans leur contenu n’est qu’un faux problème. Si elles le sont c’est aussi dû à l’absence de ce qui pourrait contribuer à les prolonger et à les sublimer. Et même s’il ne s’agissait que d’une montée de fièvres d’un corps social malade, il n’en reste pas moins qu’elles impliquent un abaissement des défenses immunitaires en mesure de faciliter l’irruption de l’infection fatale que nous espérons. Même s’il ne s’agissait que de la brève récréation concédée avant de rédiger le devoir en classe, il n’en demeure pas moins que c’est à nous de réussir à saboter l’engrenage de la sonnerie. Et si ceux qui y prennent part ne nourrissent en réalité aucunes aspirations révolutionnaires, plus poussés par la rancœur de leur exclusion sociale que du refus de toute intégration institutionnelle, cela a bien peu d’importance. Ce qui de toute façon rend ces soulèvements désirables, c’est la suspension de la normalité qu’ils réussissent à imposer, prémices indispensables pour toute tentative de transformation de la réalité. Il ne s’agit pas de partager les goûts de ceux qui s’affrontent avec les forces de l’ordre, ni de tenter de leur faire de la pédagogie avec les textes subversifs sacrés à la main pendant qu’ils partent à l’assaut de marchandises futiles. Il s’agit de se jeter dans le chaos ainsi créé – même si c’est suite à une raison banale, même si c’est de manière instrumentale – et de tenter de déboussoler, entraver, retarder, empêcher tout retour à l’ordre des besoins. Ce qui revient à arracher du temps précieux pour expérimenter, diffuser et consolider le désordre des désirs.

Voilà pourquoi, à la lumière des nouveaux foyers qui s’embrasent et avec le climat qu’on respire dans toute l’Europe, il devient pour nous toujours plus important de ne pas se retrouver pris au dépourvu. Sans planifier notre agir pour se blinder contre l’inconnu, ni rechercher de nouvelles complicités là où il ne peut pas y en avoir, finissant par devenir les assistantes sociales inconscientes de notre destin. Sans garanties, ni certitudes, sans craintes de ce qui est indéchiffrable. Mais, dans l’éventualité pas si lointaine qu’éclate un incendie à nos pieds, il vaut mieux déjà avoir une idée plus ou moins claire de là où aller et que faire, tout en approfondissant comment le faire et pourquoi.

« Il n’existe aucune organisation qui soit au-dessus de ma liberté individuelle…
et de toute façon je ne veux pas faire partie d’une révolution où l’on ne puisse pas danser »

Lungo linee di rottura

Qualcosa di strano è successo. Fino a solo qualche anno fa, le discussioni su un possibile rovesciamento di questa società andavano sempre di pari passo con le medesime osservazioni: «Ma, naturalmente, noi non vivremo mai tutto ciò» oppure «Se un giorno accadrà». Come se fosse necessario fare questa premessa per evitare di sprofondare immediatamente nell’inevitabile cinismo. Quel «mai» o quell’«un giorno», due facce d’uno stesso miraggio, tenevano il movimento antiautoritario sotto trasfusione. Impedivano di mettere sul tavolo certe questioni. Imponevano limiti invisibili alle nostre attività. E forse a giusto titolo. Forse non si poteva fare altro che mantenere vive certe idee e pratiche all’ombra della società, al margine dei movimenti di protesta politica. Forse la reazione (repressiva e ideologica) alle lotte degli anni 70 e 80 ci ha lasciato frastornati in questi ultimi vent’anni. La società degli anni 90 e del 2000 ci lascia poco spazio per respirare. Comunque sia, qualcosa è cambiato. Nonostante la mia giovane età, vive in me il pensiero che «le condizioni sociali» non siano più le stesse. Ma anche che pure una «prospettiva anarchica» non possa più essere la stessa e che esistano già diverse sperimentazioni che sondano nuove possibilità. Scrivo «nonostante», ma forse è proprio grazie alla mia giovane età che posso vedere ovunque dei cambiamenti. Magari tra vent’anni si vedrà che il mondo continua ancora a girare e che gli stessi meccanismi autoritari di sfruttamento e d’oppressione fanno il loro mestiere, a parte qualche piccolo adattamento e ristrutturazione qua e là. Ma almeno che questo avvenga perché il nostro entusiasmo non ha prevalso sulla società conservatrice, e non perché siamo rimasti zitti quando bisognava parlare, perché abbiamo mormorato quando occorreva urlare. Che ciò non accada perché avevamo le mani vuote, come un mendicante per strada che implora una briciola di protesta mentre il Progresso ci passava davanti. Quando invece avremmo potuto imbracciare un bastone con cui fermare, almeno per un istante, la macabra carovana.

Per mettere sulla carta la nostra rabbia e trovare le parole per esprimere i nostri desideri, facciamo spesso ricorso a scritti che risalgono a molto prima della nostra nascita. Qualche volta si dice che quei vecchi opuscoli anarchici siano superati. Ma sta proprio là la loro forza. Invece di essere l’applicazione di un modello sterile, una riproduzione mirante a provare che si ha ragione, essi si collocano sul filo di lama fra la critica totale e la presenza nelle situazioni specifiche. Tuttavia, bisogna essere in grado di capire le attuali situazioni specifiche. Sul terreno sociale vediamo che oggi, dopo l’attacco neoliberista e ideologico nei confronti dello Stato sociale degli anni 90, è iniziata la demolizione di fatto della socialdemocrazia, con la spina nel fianco della crisi economica (perversamente provocata dall’ideologia neoliberista). Scuola, sanità, cultura, trasporti pubblici, urbanistica devono ora dimostrare, più che il loro plusvalore elettorale, il loro plusvalore economico. Bisogna risparmiare in ogni ambito, a parte l’apparato repressivo che non si tocca (benché pure il settore carcerario e quello della sicurezza vengano parzialmente privatizzati). Intanto, i padroni europei Merkel, Sarkozy e Cameron vengono a raccontarci che la società multiculturale ha dichiarato bancarotta. Insomma, basta con l’integrazione dolce, con le riforme sociali e le sovvenzioni, con la distribuzione dei posti di potere fra i leader dei movimenti sociali e delle comunità. La pace sociale ci verrà imposta sempre più duramente, mentre sempre più persone verranno gettate fuori bordo. Dinanzi alla constatazione che la povertà aumenta o rimane invariata (non ci sono molte prospettive di ascesa sociale), certi gruppi non sembrano più essere i benvenuti in questa società. Non c’è che il lavoro (decentemente) remunerato a far accedere all’integrazione sociale, mentre la prigione diventa un luogo dal quale alcuni passeranno sicuramente molte volte nel corso della loro vita e gli scontri di piazza fra guardiani dell’ordine e giovani sono diventati una costante.
I sollevamenti nel Nord-Africa e la loro sotterranea corrente rivoluzionaria trovano altrettanti echi dall’altra parte del Mediterraneo. Come spesso capita, l’eco più mediatizzata è probabilmente la meno interessante. Le occupazioni di pubbliche piazze in Spagna (e in altri paesi) e gli appelli ad una «vera democrazia» sembrano essere sovente null’altro che atti disperati di un elettorato di sinistra in piena confusione da quando i partiti socialdemocratici hanno essi stessi sotterrato il progetto socialdemocratico. Benché io trovi simpatico che delle persone si prendano lo spazio ed il tempo per rimettere in questione, magari non tutto, ma tuttavia non poche cose, sarebbe ingenuo limitarsi a ciò; il pacifismo e il consenso delle assemblee generali assorbono troppo spazio e troppo tempo. C’è perfino chi osa pretendere che le sommosse nel mondo arabo fossero pacifiste e organizzate attraverso internet. Per ovvie ragioni, i media occidentali prestavano tutta la loro attenzione a piazza Tahrir, ma mi sembra che ad aver messo in ginocchio i regimi siano state soprattutto le città ed i villaggi in cui tutte le istituzioni del potere (sedi di partito, edifici governativi, commissariati) sono state attaccate e incendiate. E quelli che hanno cercato di seguire Twitter durante il sollevamento in Egitto si annoiavano a morte, esattamente come davanti alla riproduzione all’infinito dei titoli di Al-Jazeera (che trasmetteva soprattutto da piazza Tahrir).
Al di là dei limiti dei disordini in corso, ci sono alcune costanti incoraggianti. Il gran silenzio al cospetto dello Stato nel dicembre 2008 in Grecia, nel novembre 2005 nelle banlieue francesi e nel corso di altri conflitti sociali. Nessuna rivendicazione formulata, nessun rappresentante designato, nessun dialogo. Le possibilità di recupero sono così seriamente limitate. In più, la democrazia stessa mostra il proprio rifiuto di dare risposte al di fuori di una dura repressione. Anche davanti ai bravi cittadini «indignati», regnano i manganelli. È probabile che lo Stato abbia ora optato per uno scenario in cui sollecita una guerra di tutti contro tutti (o comunità contro comunità). Una tendenza già presente e in piena crescita in altri continenti. In un simile contesto, lo Stato basa la propria legittimità sul ruolo d’arbitro (che non è necessariamente sempre neutro).

Sia chiaro, non sto cercando la formula applicabile al contesto sociale che fornirà inevitabilmente la soluzione a tutti i problemi. Non penso nemmeno che il contesto specifico sia simile ovunque. Con un certo divertimento, ma anche con una dose di indignazione, abbiamo potuto constatare che l’illusione del determinismo storico è sempre viva. E che le sue parole profetiche riescono ancora a far cadere molte persone sotto il suo fascino. C’è chi aveva predetto l’insurrezione o la guerra civile come se fossero già presenti. Ci sono quelli che hanno la bocca piena di moltitudini o di democrazia di base, sia già esistenti che in divenire. Il capitalismo ci avrebbe fornito la base per la sua stessa negazione. Basterebbe liberarcene, per una sorta di formazione d’autocoscienza, un progetto politico. Capisco che marxisti di ogni risma (post-, neo-, accoliti del giovane Marx, o del Marx dell’epoca del suo opuscolo sulla Comune di Parigi, ecc.) siano rimasti abbastanza sconcertati quando è diventato chiaro che i soggetti rivoluzionari si trasformavano in gruppi-obiettivo del clientelismo e delle riforme socialdemocratiche. Alcuni hanno magari rigirato le proprie vesti per ragioni piuttosto pragmatiche (la pressione repressiva, le radici della carriera accademica, le liste vuote degli aderenti…). Ad ogni modo, una parte di loro ha gettato a mare la dialettica. Adesso lanciano l’immantenismo. Lo stesso gioco filosofico attraverso cui anche il cristianesimo ha cercato di rinnovarsi. Una volta che è stato chiaro a tutti che non c’è alcun Dio al di sopra di noi che possa punirci e ricompensarci, e che una vita senza Dio è certamente possibile, ci hanno raccontato che Dio era presente ovunque (e soprattutto nelle cose «buone») e che non bisognava considerare Dio come un essere onnipotente (e quindi giusto o ingiusto) al di sopra della terra (sebbene alcuni lo abbiano preteso per secoli).
Così, il Comunismo non sarebbe più il risultato di un avvenimento violento, politico: la Rivoluzione. Sarebbe già presente ovunque e bisognerebbe solo portarlo alla sua piena coscienza. In questa maniera l’aspetto più interessante della dialettica, ovvero la rottura, sparisce. La rottura, quel momento in cui diventa chiaro chi fa parte della forza rivoluzionaria e chi vede il proprio interesse nel mantenimento della società attuale. Nella versione marxista, ciò è ovviamente determinato dai rispettivi interessi economici e non è davvero possibile parlare di scelta (senza la quale il soggetto rivoluzionario e l’inevitabilità/determinismo apparirebbero costruiti sulla sabbia). Senza una rottura sul piano del contenuto, né la moltitudine né la guerra civile possono assicurarci di non essere delle continuazioni del progetto capitalista, di non essere semplicemente nuove forme d’apparenza dei meccanismi autoritari. Bisogna pur riconoscere che, a partire dalla loro nascita, il capitalismo e lo Stato si sono dimostrati piuttosto dotati nel compito di soffocare la resistenza rinnovandosi di volta in volta. Attraverso il recupero e la repressione (e sacrificando, se necessario, una parte di se stessi) sono riusciti ad adattarsi e a restare in vita. Ed è proprio perché non sono corpi parassitari, ma penetranti in tutti i rapporti sociali, che sono stati coronati dal successo. Ecco perché l’insurrezione (individuale) deve necessariamente andare di pari passo con una critica di ogni autorità e con la volontà di costruire altri rapporti sociali. Dobbiamo affermare questa rottura in quanti più momenti è possibile per evitare, sia in quanto individui che nella nostra lotta, di lasciarci trascinare da meccanismi autoritari.

La democrazia non è più quell’orizzonte insuperabile. Non è più una evidenza. La pace sociale è ogni giorno un po’ più chiaramente una pace imposta attraverso il ricatto del lavoro (e l’accesso al denaro per sopravvivere e “vivere”/consumare) e la repressione. Non basta più voler provocare delle crepe nel muro della pace sociale. Penso che oggi la sfida sia più grande. La pace sociale comincia a creparsi in tanti punti. Il malcontento e la rabbia montano. Ed i predicatori religiosi e nazionalisti sono pronti a reclutare. Noi dobbiamo essere pronti a evidenziare che la solidarietà, l’auto-organizzazione e l’azione diretta possono rafforzarci. Che sono idee vive che possono darci forza di fronte al nulla dell’esistenza capitalista. Dobbiamo anche essere capaci di tessere legami fra i gruppi che sono separati socialmente e/o geograficamente. Dobbiamo sviluppare una creatività d’agire per attaccare il potere sotto tutte le sue forme e soprattutto far uscire i conflitti dai loro territori tradizionali per darne una dimensione più ampia. Oggi possiamo affermare «Noi vogliamo la rivoluzione», perché questa parola non è vuota, ma al contrario è qualcosa a cui si può dare significato ogni giorno di più.

_Anon_

L’Utopie

Cela fait un bon moment que je pense à écrire sur certains sujets, et des quelques textes que j’ai lus, il m’a semblé comprendre que ce sur quoi je souhaite écrire est un sentiment présent chez d’autres compagnons.

Il s’agit d’une exigence que je ressens depuis toujours, et qui non seulement ne s’est jamais apaisée, mais au contraire a occupé ces derniers temps toujours plus d’espace dans mes réflexions : je parle de l’Utopie. Son idée me poursuit avec une insistance nouvelle et plus forte, et c’est peut-être dû au fait que sa quête soit devenue lentement mais inexorablement moins obsédante au sein de ce qu’on peut génériquement définir comme le mouvement anarchiste. C’est en tout cas mon impression.

Peut-être est-ce suite aux désillusions des années passées qui n’ont produit que ce qui a été perçu comme des défaites, suite à la fatigue des coups retentissants (plus moraux que physiques) qu’il est toujours possible d’encaisser lorsqu’on lutte, sans compter la perspective de ne jamais voir se réaliser ses propres rêves les plus fous, mais il me semble qu’il y a dans l’air une certaine tendance à  se contenter de peu : mieux vaut gagner une petite lutte qui donne le moral plutôt que d’encaisser une autre défaite en tentant une victoire définitive. Mieux vaut réussir à ajuster un peu les choses de cet existant misérable plutôt que risquer de ne jamais l’améliorer en tentant de le bouleverser définitivement. La recherche permanente d’adaptation aux situations qu’offre notre époque est en train de supplanter la tension qui empêchait de s’adapter ; la frénésie de faire quelque chose à tout prix pour se sentir vivant et actif risque de se substituer à la capacité d’analyse et de critique nécessaires pour développer sa propre projectualité. On en arrive même à faire ce que tout le monde fait et à parler comme tout le monde parle, parce qu’utiliser un langage différent nous rendrait incompréhensibles et qu’on risquerait de demeurer isolés. On participe tous aux mêmes luttes mais, comme si ça ne suffisait pas, on le fait tous de la même manière, utilisant les mêmes moyens qui à long terme mènent à la stérilité, à moins de découvrir qu’à force de parcourir ce que le mouvement anarchiste faisait avant, nous ayons avorté notre capacité imaginative, atrophiant l’imagination utile pour continuer les luttes qui nous avions entreprises…

Et ces luttes mêmes ? De moyen vers quelque chose de plus vaste et plus grandiose, elles risquent de se transformer en fin en soi, et c’est là qu’on perd de vue l’Utopie. Il m’arrive toujours moins souvent de parler avec des compagnons des rêves plus grands, non pas entendus comme des rêves éveillés à mettre de côté une fois qu’on a fini de rêver, mais comme une sublime aspiration vers laquelle tendre, comme quelque chose à poursuivre pour tenter de les réaliser. L’Utopie ne représente pas pour moi une île qui n’existe pas dans ce monde, mais quelque chose qui envoie le sang au coeur et au cerveau, une idée qui n’offre pas de trêve ; c’est la tension qui me pousse à agir et la conscience qui permet de dépasser la peur. L’Utopie est une des raisons pour lesquelles je suis anarchiste, parce que elle seule m’offre la possibilité de lutter non pas uniquement pour un monde nouveau, mais pour quelque chose qui n’a jamais été réalisé. Voilà mon Utopie : la tentative de concrétiser ce quelque chose jamais accompli, l’aspiration à vivre dans un monde qui ne soit pas celui d’aujourd’hui et pas non plus celui d’il y a quelques milliers d’années. Quelque chose qu’il n’est possible de tenter qu’à travers un moment de rupture insurrectionnelle, un moment qui signifierait uniquement l’ouverture d’une possibilité, qui puisse me faire approcher d’un gouffre profond et d’éprouver le vertige, laissant ouverte la possibilité qu’au fond il y ait quelque chose de terriblement fascinant ou d’absolument terrible. Un saut dans l’inconnu, en somme, sans savoir par avance comment devra être la société que je désire, mais en partant de tout ce que je ne désire pas. Penser l’impensable, donc, comme condition préliminaire pour tenter l’impossible.

 

« Celui qui contemple la fin dès le début, celui qui a besoin de la certitude de l’atteindre avant de commencer, n’y arrivera jamais »

A. Libertad

Subversive books, not consumer goods

When we think of books which are subversive, books about juvenile rebellion found in any bookshop in a big city are not the ones that come to mind. Neither do we think of those more or less critical books which come out of our close circles or which are born from the thinking-heads in universities. What comes to mind are examples such as the one given by Severino Di Giovanni, captured on the 29th of January in 1931 while coming out of a typesetter’s workshop which he had visited in relation to the master copy for a book by Reclus. Despite having been the most wanted person in Argentina during the previous four years due to various expropriations, attacks and his agitation activity, he risked his freedom and his life in order to obtain the master copy he needed. The printing works were under surveillance but it was worth taking the risk once again for a new book. A few months earlier he had achieved his goal of setting up his own press for printing books, pamphlets and newspapers, using the money obtained from a recent expropriation, although only a part of it because most of the money was used in solidarity with imprisoned comrades.

We also think of Jean-Marc Rouillan, Oriol Solé and other comrades who robbed banks and expropriated printing machines during the early Seventies in order to obtain all that was needed so as to be able to print books in Toulouse and smuggle them over the border to Barcelona and other regions of the Spanish state.

Or, perhaps one of the most inspiring examples, we think of the young anarchists from the city of Bialystok who during the first few years of the 20th century, apart from terrorizing the bourgeoisie and the gendarmes, dedicated a great deal of their energy and means to translating, printing and transporting written material. In 1905, they expropriated 330 kilograms of typographic equipment in order to set up Anarjiya, Russia’s first anarchist printing works: a clandestine press for their publications and books. Over time, many Russian anarchists imitated the gesture, most of them risking going to prison, getting exiled, being condemned to forced labour or death.

Printing, transporting and disseminating books was, for many anarchists around the world, just as dangerous as carrying arms or explosives: partly they were arms and, moreover, they were very powerful arms.

These are the examples which come to mind, amongst others… such as the example of the fighters who, escaping from repression, set up a printing press in a cave in the Ural Mountains. All of these are only a few examples of a close relationship between books and subversion. They are inspiring examples not only because the books —most of which were considered dangerous or simply forbidden— were printed and disseminated in a clandestine manner, breaking all the prohibitions and moving away from any type of consumer logic from which today, it seems, there is no escape; but also because everything related to the development of these publishing projects, the way in which the machines and ideas were put into motion, the hopes and the fighting spirit, seem to belong to another world. But not entirely.

Many of us involved in current publishing projects and printing collectives, and some magazines and newspapers, feel that we are motivated by this spirit which in days gone by was abundant, and that these are but a few examples out of many. Trying not to slide into —but also trying to dynamite— processes related to production/consumption, a profit logic, relations based on commerce and work, we try to bring back that subversive spirit because a radical message must be contained within a form of dissemination which lives up to the level of that message.

We understand that there are projects related to the publishing and distribution of anarchist books which have subsistence aims, projects which see and live this activity as a modest way of earning a living. This is something we can partly understand, taking into account the shit jobs and ways of living within the framework of the system which are imposed upon us. But they should also bear in mind that for those of us who search for different ways of living, within which our lives and struggles are totally related to our everyday realities and are far from relationships of production and consumption, the idea of working with something which for us is a fighting tool —yet another weapon in this social war— is not something we are able to get our heads around.

Amongst our objectives there is the dissemination (as widespread and as affordable as possible) of ideas, proposals, visions and interpretations coming from a radical point of view. And we believe that this must be done through a rupture —as radical as possible— with regards to the forms that capitalism offers us for this task. It is due to this that we see as important the rejection of all commercial distribution (which actually pushes up the prices), the logic of selling books at a price 10 times the cost of printing, the big bookshop cult, the use of control and numeration codes —whether it be for commercial purposes or for classification (bar codes, ISBN, etc.)—, the rights of the authors (copyright, left or whatever), etc.; and we see as something necessary the promotion of more direct ways of distribution through distros which handle revolutionary material, the support for anarchist printing works projects, the assumption that our material is there to be given life to and to be reproduced as best wished, the incitement of greater autonomy for our projects with regards to the translation, writing, page makeup, graphic design, distribution and —if possible— printing, and also the total support for other related projects, such as social libraries, libraries for prisoners, etc.

Perhaps to some it may all sound pretentious and to others basic, but for us it is important to also talk about these things when discussing books and their subversive potential.

 

Bardo, August 2011

L’Utopia

Era da un po’ di tempo che pensavo di scrivere di certi argomenti, e da alcuni scritti che ho letto mi è parso di capire che quello di cui scriverò è un sentire presente anche in altri compagni.

È una esigenza che avverto da sempre e che non solo non si è mai sopita, ma anzi negli ultimi tempi ha occupato uno spazio sempre maggiore nelle mie riflessioni: parlo dell’Utopia. La sua idea mi perseguita con nuova e rinforzata insistenza, e ciò forse è dettato dal fatto che la sua ricerca sia andata lentamente, ma inesorabilmente, se non venuta meno, quantomeno divenuta meno ossessiva all’interno di quello che, genericamente, possiamo definire come movimento anarchico. Questa almeno è la mia impressione. Forse delusi dagli anni in cui si sono incassate solo quelle che sono state avvertite come sconfitte, stanchi delle sonore bastonate che quando si lotta è sempre possibile incassare (morali più che fisiche), con la prospettiva di non vedere mai realizzati i propri sogni più proibiti, mi sembra ci sia una certa tendenza ad accontentarsi: meglio vincere una piccola lotta che dà morale, piuttosto che incassare un’altra sconfitta nella ricerca della vittoria definitiva. Meglio riuscire ad aggiustare un po’ le cose di questo misero esistente, piuttosto che rischiare di non migliorarle mai nella tentativo di sconvolgerlo definitivamente. La ricerca continua dell’adattarsi alle situazioni che offre la nostra epoca sta soppiantando la tensione che impediva di adattarsi; la frenesia del fare comunque qualcosa per sentirsi vivi ed attivi rischia di sostituire la capacità di analisi e critica utili a sviluppare una progettualità propria. Si arriva quindi a fare ciò che tutti gli altri fanno e a parlare come tutti gli altri parlano, perché usare un linguaggio diverso rende incomprensibili e si corre il rischio di restare isolati. Si partecipa tutti quanti alle stesse lotte ma, come se non bastasse, lo si fa tutti nello stesso modo, usando gli stessi mezzi che a lungo andare conducono alla sterilità, salvo scoprire che a furia di rincorrere quello che il movimento anarchico faceva, abbiamo abortito la nostra capacità immaginativa, atrofizzato la fantasia utile per proseguire le lotte che avevamo intrapreso…

E quelle stesse lotte? Da mezzo verso qualcosa di più ampio e grandioso, rischiano di trasformarsi in fine ultimo, ed è li che si perde di vista l’Utopia. Sempre più di rado mi capita di parlare, coi compagni, dei sogni più grandi, non intesi come sogni ad occhi aperti da mettere da parte una volta finito di fantasticare, ma come sublime aspirazione a cui tendere, come qualcosa da rincorrere per tentare di realizzarla. L’Utopia per me non rappresenta un’isola nel mondo che non c’è, ma una istanza che pompa il sangue al cuore e al cervello, un’idea che non dà tregua; è la tensione che mi spinge ad agire e la consapevolezza che permette di superare la paura. L’Utopia è uno dei motivi per cui sono anarchico, perché solo questo mi offre la possibilità di lottare non tanto e non solo per un mondo nuovo, quanto per qualcosa che non si è ancora mai realizzato.

È questa la mia Utopia: il tentativo di concretizzare questo qualcosa finora mai compiuto, l’aspirazione a vivere in un mondo che non sia quello attuale e nemmeno quello di qualche migliaio di anni fa. Qualcosa che è possibile tentare solo attraverso un momento di rottura insurrezionale, un momento che significherà unicamente l’apertura di una possibilità, che possa farmi affacciare su un baratro profondo e provare la vertigine, lasciando aperta la possibilità che in fondo ci sia qualcosa di terribilmente affascinante come pure di assolutamente terribile. Un salto verso l’ignoto, insomma, senza sapere in anticipo come dovrà essere la società che desidero, ma partendo da tutto ciò che non desidero.

Pensare l’impensabile, quindi, come condizione preliminare per tentare l’impossibile.

«Chi contempla la meta fin dai primi passi, chi ha bisogno della certezza di raggiungerla prima di cominciare, non ci arriverà ma
A. Libertad

Senza precedenti

Senza precedenti. È questa la caratteristica dell’epoca che stiamo vivendo pieni di stupore, ansia, sgomento, speranza. Non che in passato la storia non abbia conosciuto guerre, insurrezioni o economie in declino. Ma, col senno del poi e a debita distanza di sicurezza, ci è sempre sembrato facile identificare le parti in causa, le loro ragioni e l’influenza delle rispettive azioni dei protagonisti sulla concatenazione degli avvenimenti. Gli ultimi due secoli ci hanno fornito una conoscenza cui attingere, hanno cesellato le nostre certezze ed i nostri dubbi, hanno impaginato la guida che utilizziamo nel nostro agire quotidiano. Ma il terzo millennio si è aperto subito all’insegna dell’imprevisto.

La mattina dell’11 settembre 2001, al risveglio, chi avrebbe detto che poche ore dopo il mondo non sarebbe più stato lo stesso? Dieci anni trascorsi da allora non hanno fatto altro che distruggere uno dopo l’altro i nostri consolidati punti di riferimento. Fino ad arrivare ad oggi, con un paese europeo da tempo in bilico fra reazione e rivoluzione (Grecia), un altro celebre per la sua flemma messo a ferro e a fuoco (Inghilterra), altri ancora a un passo dal tracollo economico (Italia, Spagna, Portogallo, Irlanda); regimi lontani che parevano eterni sbriciolati in poche settimane (Tunisia, Egitto, Libia), altri costretti pur di sopravvivere a una spietata repressione contro la propria popolazione (Siria); la stessa superpotenza mondiale, gli Stati Uniti padroni del pianeta, che si ritrovano a dover fare i conti con un bilancio economico fallimentare. Per non parlare delle innumerevoli guerre che avrebbero dovuto essere di breve durata e che invece perdurano (Iraq ed Afghanistan), dei conflitti che parevano sopiti e che si sono ravvivati (Israele-Palestina), delle migrazioni di massa che stravolgono (in un senso o nell’altro) il modo di vivere di milioni di persone, delle catastrofi assai poco naturali che determinano mutamenti non solo ambientali, ma anche sociali e politici. Fino ad arrivare alla vita quotidiana, quella che trasciniamo giorno dopo giorno, sempre più alle prese con la mancanza di un lavoro alienante ma necessario per procurarsi soldi che non bastano per acquistare merci che non valgono nulla… ogni cosa contribuisce a diffondere la consapevolezza che questo presente non ha futuro.

Il mondo che conosciamo, l’unico di cui abbiamo avuto esperienza diretta, si sta sgretolando sotto i nostri occhi. Non ha qui importanza stabilire se il suo sfacelo sia il risultato di una pessima amministrazione del potere o anche delle lotte dei movimenti sociali, se sia una vecchia previsione che si realizza o una sorprendente novità. In un certo senso ha pure poca importanza sapere se sia reale e materiale o se si tratti dell’ennesimo inganno virtuale. Certo è che viene percepito, sentito. E questa, per chi è intenzionato a mettere a soqquadro questo mondo, non può che essere una buona notizia. Non c’è più bisogno di cercare di aprire crepe nel muro di consenso che regge l’ordine sociale: quel muro si sta già sbriciolando. Niente è più come prima. Eppure la situazione che si è venuta a creare, e che in teoria dovrebbe suscitare solo entusiasmo da parte nostra, in pratica sta provocando soprattutto smarrimento. Nati e cresciuti nello scorso secolo, nello scorso millennio, come fare per essere contemporanei e attuali? Il linguaggio, le griglie d’interpretazione cui siamo abituati, sembrano non servire più a molto e si rivelano via via inutilizzabili. Corriamo il rischio di apparire reperti storici, polverose antichità buone per i musei.

Ecco perché un confronto allargato è quanto mai necessario ed urgente. Davanti a noi si stanno aprendo occasioni inimmaginabili. Per riuscire a coglierle non dovremo imparare la lezione a memoria, ma nemmeno affidarci al puro caso, e ancor meno rincorrere qualche effimera moda ideologica. Incontrarsi, discutere, scambiarsi le proprie idee in vista di… (già, in vista di cosa?), si fa sempre più indispensabile.

 

Un mondo nuovo?

Ci viene in mente una celebre frase di Buenaventura Durruti. Non abbiamo paura delle macerie perchè un mondo nuovo sta già nascendo nei nostri cuori. Ecco, partiamo da qui. Se nel vecchio continente il crollo di questo mondo tende a provocare reazioni con sembianze nichiliste o cittadiniste, è perché non c’è più nessun mondo nuovo nel cuore degli esseri umani che lo abitano. Nel Nord-Africa i rivoltosi si battono con coraggio e determinazione, anche perchè hanno ancora una speranza che li anima. Noi sappiamo che il mito della democrazia è una menzogna e (ci) ripetiamo che in bocca loro è solo un pretesto per scatenarsi. Ma, pretesto o ragione che sia, è inutile nascondersi che hanno bisogno di quel mito, hanno bisogno di un sogno che li inciti a distruggere ciò che ne ostacola la realizzazione. Tutte le rivoluzioni hanno avuto bisogno di un sogno talmente potente ed inebriante da eccitare gli esseri umani e spingerli all’azione. E questo sogno è sempre stato altro rispetto alle miserabili concessioni dell’esistente. La democrazia diretta invocata dagli Arrabbiati era inimmaginabile prima del 1789, così come lo era la Comune prima del 1871, o il Soviet prima del 1917, o la Collettività prima del 1936…

Ma oggi, qui in occidente, qual è il sogno? L’unica utopia rimasta incontaminata (in un certo senso, terribile a dirsi, anche grazie alla sconfitta della rivoluzione spagnola) è quella dell’anarchia, di un mondo privo di qualsiasi rapporto di potere. Nonostante ciò, fra gli stessi anarchici si nota una certa reticenza a sostenerlo, l’imbarazzo di chi non vuole apparire poco pratico, troppo irrealista. E poi, a chi rivolgersi? Sotto l’irresistibile spinta dello sviluppo tecnologico, gli ultimi decenni hanno visto l’erosione di ogni significato, lo stravolgimento delle parole, il generalizzarsi dell’afasia. La Babilonia del libero mercato è anche la Babele dell’incomunicabilità.

Ciò ha provocato la scomparsa non della cosiddetta questione sociale, piuttosto della sua consapevolezza. Le lotte sociali odierne non sono condotte da sfruttati che vogliono farla finita con lo sfruttamento (e che purtroppo si fidano ancora di politicanti pronti a tradirli), ma da cittadini integrati che pretendono solo una democrazia più autentica. Mentre le rivolte che scoppiano improvvise nel nostro angolo di pianeta di solito non hanno contenuto, non formulano rivendicazioni, non indicano prospettive, sono solo esplosioni di furore. Questa tendenza, ben visibile in Europa, ha spinto la maggior parte del movimento anarchico a dividersi, ad imboccare due strade apparentemente contrapposte ma in realtà speculari.

Sopita ogni speranza nel proprio cuore, agli occhi di molti compagni che non intendono rassegnarsi si è delineata un’alternativa secca, brutale, inevitabile. O rinunciare ad ogni tentativo di coinvolgimento di masse che mostrano di essere diventate sempre più alienate, e trasformare la guerra sociale in una guerra privata fra gli anarchici e lo Stato (lottarmatismo). Oppure inseguire questo coinvolgimento fino al punto di adeguarsi alle “dinamiche” delle masse riprendendone le rivendicazioni, trasformando la guerra sociale in una contestazione della società civile contro lo Stato (cittadinismo). Non possiamo fare a meno di osservare come il punto di partenza di questi percorsi sia il medesimo: la constatazione che la realtà circostante non permette più un intervento rivoluzionario simile a quello praticato o anche solo auspicato nel secolo scorso.

Sia chiaro, entrambe queste ipotesi forniscono risposte ad esigenze reali, concrete, mai messe in discussione. Solo che il tentativo di incidere sulla realtà circostante è andato separandosi nelle forme, così che i diversi modi di lotta non sono più complementari, ma si sono polarizzati in due alternative ugualmente politiche: da una parte la partecipazione intenzionalmente acritica alle “lotte popolari”, dall’altra la costituzione di un’organizzazione specifica che rivendichi i vari attacchi contro il potere. Ora, è proprio l’irruzione della politica e dei suoi calcoli in un movimento che le era ostile ad essere una delle cause principali della odierna “depressione” che affligge molti compagni. E più la politica si rivela “vincente”, grazie a un utilizzo senza scrupoli dei vari espedienti autopromozionali, più non si riesce a farne a meno.

 

Quale strada?

L’anarco-cittadinismo è riuscito a far benvolere i compagni in alcuni contesti di massa, a far loro ottenere visibilità e consenso, però… a quali condizioni? A patto di rinunciare ad essere anarchici, di imparare a travestire o a tacere il proprio pensiero, di sopportare l’insopportabile. Si tratta di una “vittoria” che non riesce a nascondere lo squallido opportunismo che l’ha resa possibile, e che è riuscita in un’impresa un tempo impensabile: far detestare da tanti compagni la stessa ipotesi di intervenire in una lotta sociale, intervento che viene ormai considerato sinonimo di compromesso. Come stupirsi, dopo aver visto anarchici organizzare conferenze con riformisti e presentare raccolte di firme alle autorità? Come meravigliarsi, dopo averli sentiti auspicare una maggiore circolazione di merci e rimproverare i partiti sedicenti pacifisti di non fare il proprio dovere istituzionale? Come lamentarsi, dopo averli visti andare a braccetto con stalinisti e preti? Non solo, ma questa interpretazione prettamente politica della lotta sociale viene spacciata come una verità acquisita attraverso un’indiscutibile esperienza storica. «Condivisione o Stato» — è il patetico diktat che oggi chi è a corto di argomenti cerca di imporre per non affrontare i problemi.

Eppure, dinanzi all’estendersi della rabbia, allo scoppiare di sempre maggiori proteste, allo schiudersi di nuove prospettive, è assurdo privarsi della possibilità di intervenire in contesti più allargati solo perché si è assordati dal chiassoso marketing di alcuni piccoli leader di movimento. Per cui, anziché inorridire di fronte all’inevitabile parzialità delle lotte sociali, dovremmo tentare di batterci anche al loro interno, sapendo e chiarendo che la natura sociale di una lotta è data dalla sua dimensione qualitativa, non certo da quella quantitativa. Pochi compagni che sabotano i cantieri del Tav, ad esempio, stanno conducendo a modo loro una lotta sociale, giacché l’Alta Velocità è un problema che riguarda tutti, indistintamente. Tanti compagni che manifestano per l’abolizione dell’ergastolo, per fare un altro esempio, portano avanti a modo altrui una lotta politica, giacché la detenzione a vita è un problema che riguarda pochissimi e che può trovare una soluzione abolizionista solo sul piano legislativo.

Perciò, noi non vogliamo affatto stare alla larga dalle lotte sociali. Intendiamo stare alla larga dai politici che le infestano, anarchici compresi.

L’anarco-lottarmatismo, da parte sua, anche dove più spesso e con migliori risultati è riuscito a colpire direttamente il nemico (come in Grecia o in America latina), tende però a ridurre la sovversione sociale a un fatto puramente militare, ad uno scontro fra noi e loro. Basta osservare quante azioni vengono realizzate esplicitamente in risposta alle operazioni repressive. Anziché proseguire e allargare la lotta contro il dominio in tutti i suoi aspetti, la solidarietà così intesa si riduce a una difesa del proprio piccolo orto: gli anarchici attaccano lo Stato che ha arrestato dei compagni, lo Stato a sua volta reagisce arrestando altri anarchici, i quali a loro volta reagiscono attaccando lo Stato, il quale a sua volta reagisce arrestando altri anarchici, i quali a loro volta… E si crea un vero e proprio circolo vizioso che diventa ancor meno allettante con l’infarcitura di quella triste retorica che esalta il martirio e il sacrificio. Non è più una lotta che mira a sovvertire un esistente intollerabile per la stragrande maggioranza delle persone, è un duello fra alcuni individui ribelli e lo Stato. Il fatto che talvolta questo scontro finisca sulla prima pagina dei giornali non lo rende per questo più interessante, viene comunque percepito come una questione privata e come tale può attrarre solo un pubblico di spettatori. Anche perché, e questo è l’aspetto peggiore, il lottarmatismo fa sì che l’attacco alle strutture e ai responsabili del dominio diventi la caratteristica di organizzazioni specifiche anziché di un intero movimento. E questa non è affatto una necessità naturale. È una scelta arbitraria. Come dimostra gran parte della storia del movimento anarchico, la “propaganda col fatto” può ben essere opera del movimento nel suo insieme. E ciò avviene quando l’azione rimane anonima, senza nessuno che ne rivendichi la paternità. Quando un’azione non appartiene a qualcuno in particolare, allora può appartenere a tutti in generale. Ma se ci si prende la briga di rivendicarla, di apporvi sopra il proprio marchio, è perché si vuole sottolineare davanti al mondo che quella azione appartiene a qualcuno.

Malgrado le apparenze, cittadinismo e lottarmatismo si assomigliano e si alimentano a vicenda. L’apertura al compromesso del primo stimola la chiusura identitaria del secondo, e viceversa. Il cittadinista che giura sulla propria radicalità mentre stringe la mano al politico non si differenzia molto dal lottarmatista che giura sulla propria informalità mentre costituisce un’organizzazione dotata di sigla e programma. Il primo cerca il consenso delle masse, e per questo non disdegna i microfoni dei giornalisti. Il secondo disprezza le masse, ma cerca i riflettori dei media. Entrambi, a modo loro, inseguono la visibilità.

Noi consideriamo immensamente più desiderabile un movimento anonimo ed informale — un movimento anarchico autonomo, come si diceva un tempo, prima che questa definizione venisse storpiata da magistrati e giornalisti — che non rinuncia alla sua alterità nei confronti del mondo che lo circonda. Ma che non rinunci nemmeno alla possibilità di sovvertirlo, ovvero che non accetti di lasciar spegnere nel proprio cuore quel mondo nuovo che non fa temere le macerie. L’utopia è il solo antidoto contro il cittadinismo e contro il nichilismo. Viviamo come ospiti, indesiderati e indesiderabili, nel vecchio mondo decrepito. La sua agonia non ci commuove, anzi, siamo ben intenzionati ad accelerarne la scomparsa.

 

Prospettive

Quante volte bisogna vedere i propri sogni infranti prima di smettere di sognare? Quante volte bisogna sentire tradita la propria fiducia prima di iniziare a diffidare di tutti? Quante volte bisogna veder rinnegate le proprie idee prima di accontentarsi di mutevoli opinioni? Quante volte bisogna sentire banalizzato il proprio pensiero prima di rinunciare ad ogni comunicazione? C’è chi continua a chiederselo, sperando in cuor suo di non riuscire mai a trovare una risposta. Anche noi. Testardi o solo stupidi, intempestivi o solo in ritardo, troviamo intollerabile sprofondare nella mestizia proprio nell’attimo in cui si aprono nuove ed affascinanti possibilità.

Ma — occorre prenderne atto — non è la propaganda sovversiva, non è la costituzione di un’organizzazione rivoluzionaria a far scendere nelle strade i rivoltosi. È la miseria, materiale ed emozionale, di questa esistenza che tutti trasciniamo quotidianamente. Se ciò era già vero in passato, lo è ancor più oggi, quando dietro alla collina non s’intravede nessun sol dell’avvenire ma piuttosto la notte del caos primordiale. Dinanzi a questa oscurità i militanti continueranno a recludersi nel proprio chiostro per paura di venir confusi con la triviale canaglia, mentre gli intellettuali continueranno a interrogarsi sulla crisi della rappresentanza. Ma non c’è nulla da condannare o da esaltare nelle rivolte moderne, quelle che mandano in tilt le nostre abituali bussole di orientamento. C’è tutto da affrontare.

Per decenni siamo rimasti pressoché immobili nelle acque stagnanti della pacificazione sociale, in attesa del vento in grado di farci muovere verso le nostre rispettive destinazioni. Le nostre speranze e previsioni sono andate deluse, non è una semplice corrente d’aria quella che si sta sollevando. All’orizzonte si profila un cielo nero che promette solo burrasca. Ed ora, cosa vogliamo fare? Abbassiamo le vele e buttiamo giù l’ancora, determinati a rimanere fermi perchè il rischio di incorrere in un naufragio è troppo elevato, oppure rinforziamo il più possibile la nostra imbarcazione e molliamo gli ormeggi?

Che le sommosse che scoppiano improvvise siano limitate nel tempo e nella sostanza, è un falso problema. Se lo sono, ciò è dovuto anche all’assenza di chi potrebbe contribuire a prolungarle e sublimarle. Anche se fossero soltanto la scarica di febbre di un corpo sociale malato, resta il fatto che esse comportano un abbassamento delle difese immunitarie in grado di facilitare l’insorgere dell’infezione fatale da noi auspicata. Anche se fossero la breve ricreazione concessa prima del compito in classe, resta il fatto che sta a noi riuscire a sabotare l’ingranaggio della campanella. E se chi vi prende parte non nutre affatto aspirazioni rivoluzionarie, mosso più dal rancore per la propria esclusione sociale che dal rifiuto di ogni integrazione istituzionale, anche questo ha ben poca importanza. A rendere comunque desiderabili questi sommovimenti è la sospensione della normalità che riescono ad imporre, premessa indispensabile per ogni tentativo di trasformazione della realtà. Non si tratta di condividere i gusti di chi si scontra con le forze dell’ordine, né di cercare di pedagogizzarlo inseguendolo con i sacri testi sovversivi in mano mentre va all’assalto di merci insulse. Si tratta di gettarsi nel caos che si viene a creare — anche se per banali motivi, anche se in maniera pilotata — e tentare di scombussolare, ostacolare, ritardare, impedire ogni ritorno all’ordine dei bisogni. Il che equivale a strappare tempo prezioso per sperimentare, diffondere e consolidare il disordine dei desideri.

Ecco perché, alla luce dei nuovi focolai che ardono e con il clima che si respira in tutta Europa, diventa per noi sempre più importante non farsi trovare impreparati. Non pianificando il nostro agire per corazzarsi contro l’ignoto, né ricercando nuove complicità dove non possono esserci, finendo col diventare gli inconsapevoli assistenti sociali del nostro destino. Senza garanzie, senza certezze, senza timore di ciò che è indecifrabile. Ma, nell’eventualità non più tanto remota che anche sotto casa nostra scoppi un incendio, è bene avere già un’idea più o meno chiara di dove andare e cosa fare, mentre approfondiamo come farlo e perché.

 

«Non c’è una sola organizzazione che sia al di sopra della mia libertà individuale…

e comunque non voglio far parte di una rivoluzione in cui non si possa ballare»

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